Un peu d'histoire
Quand on se promène près des côtes de Normandie on remarque généralement une chose : des drapeaux et notamment des drapeaux américains. S’il y a des drapeaux américains partout c’est parce qu’ici, aux plages du débarquement, s’est jouée une des plus grandes opérations militaires de l’histoire. Un assaut de 7 000 bateaux, 7 500 avions et 150 000 soldats.
Le 6 Juin 1944, c’est aussi l’histoire d’une légende. Celle de la bataille du bien contre le mal. Un coup de génie qui aurait fait chuté Hitler et offert à l’Amérique une médaille sans tâche. Celle de sauveur du monde libre.
Aujourd’hui lorsque l’on parle du 6 juin on pense généralement aux films américains tels que Sauver le soldat Ryan. Les documents de l’histoire racontent pourtant une histoire assez différente. D’abord parce qu’à l’initiative d’un débarquement, il n’y a pas que le Président Roosevelt et le Premier Ministre Churchill. Il y a aussi Staline. Depuis 1941, Staline milite intensément pour un assaut à l’ouest. Un second front qui allègerait le fardeau soviétique et prendrait les nazis en étau. Prudent, Churchill repousse l’échéance, plusieurs fois. Son armée dit-il, n’est pas prête. Sauf qu’en 1943 la situation a changé. L’armée rouge a relevé la tête, gagné Stalingrad, à l’Est elle engrange les victoires. Pour les américains et les britanniques il faut faire vite. Les soviétiques risquent d’écraser Hitler tout seul et de faire de l’Allemagne leur prise de guerre. A Téhéran, les alliés s’accordent secrètement sur un débarquement au printemps 1944. Son nom : opération Neptune.
Habituer des coups de force, Hitler est persuadé qu’un assaut approche. Mais n’en sachant ni le lieu ni la date, il a abattu sur l’Europe un rideau de béton : le mur de l’Atlantique. Sur 4 000 km de côtes des fjords de Norvège, au nord de la France, des constructions fortifiées. Les bunkers abritent des troupes et des canons.
Si le 6 juin est entré dans la légende, c’est parce qu’à l’époque déjà tout le monde l’attendait, l’espérait ou le craignait. C’est aussi parce que le 6 juin fut une extraordinaire logistique réussie. Les cartes secrètes de l’époque réalisées avec l’aide des résistants français montrent les raisons stratégiques du choix de débarquer en Normandie. Ici, les Bunkers ne sont pas très nombreux car le mur de l’Atlantique est encore en chantier. Ces cartes illustrent aussi un problème de taille. Il n’y a aucun port en eau profonde capable d’accueillir des milliers de bateaux alliés. Il fut décidé par trois génies britannique de créer des ports mobiles directement sur place. Les ingénieurs conçoivent d’immenses ports en kit qui pourront être transportés par bateaux et assemblés en quelques jours.
C’est deux ports en métal et en béton, on n’en voit encore les morceaux aujourd’hui au large des côtes normandes. Ces ports artificiels n’ont pas permis de décharger tout le matériel prévu mais ils ont offert aux alliés un atout décisif. Pouvoir débarquer là où personne ne les attendait.
6 Juin 1944 à 6h du matin, des milliers de tonne de bombes sont larguées sur la côte pour fracturer la défense allemande. Trente minutes plus tard sous un temps maussade, les premiers soldats touchent le sable. Ils sont 150 000. Ils viennent de 13 pays. Parmi eux quelques dizaines de français, incorporés dans les péniches alliées ou déployés dans une unité spéciale, le commando Kieffer.
Le débarquement c’est une multitude de débarquement sur 80 km de cote. L’un des points les plus meurtriers se situe à Omaha Beach, la plus célèbre plage du jour-J. Les bombes américaines auraient dû être larguées sur les bunkers mais elles sont tombées trop loin dans les terres. Les soldats allemands sonnés mais intacts attendent que les GI américains sortent de leurs péniches puis ouvrent le feu. Derrière sa mitrailleuse, l’un des allemands tire 12 500 balles. Au milieu du carnage, des reporters et des photographes militaires immortalisent l’évènement en quelques rares photos saisissantes.
Un millier de soldats sont morts sur les plages de Omaha Beach le 6 Juin 1944. Beaucoup sont enterrés au cimetière de Colleville sur mer. Un cimetière très symbolique où se sont rendus tous les présidents des Etats-Unis depuis Jimmy Carter.
La bataille est devenue plus qu’un exploit militaire, c’est devenu le symbole d’une guerre juste. La démocratie luttant pour la liberté quitte à relayer au second plan l’autre vainqueur de la guerre : l’URSS.
Le débarquement de Normandie n’est pas la bataille décisive pour l’issue de la guerre. L’Allemagne a perdu sa substance et ses troupes d’abord sur le front de l’Est.
Les soldats du jour J se voyaient-ils eux même comme des soldats de la liberté prêts à mourir pour la démocratie ?
Probablement, moins qu’on le croit. Des documents dé-classifiés montrent qu’en mars 1944, 62% des officiers américains se demandaient si la guerre méritait d’être livrée. Seul 18% des soldats américains se déclaraient vouloir détruire le Reich alors qu’ils étaient favorables à 70% à l’anéantissement du Japon.
L’étendu des crimes nazis n’ont réellement été découvert et rendu public partiellement que dans les tous derniers mois de la guerre.